Compagnie MABMaelström

JEUNE PUBLIC | Théâtre

CRÉATION DU 19 AU 23 JANVIER 2021 : Théâtre Bernardines, Les Théâtres, Marseille (13)
mardi 19, jeudi 21, vendredi 22, samedi 23 à 20h - mercredi 20 à 19h

Théâtre de Fos sur mer, Scènes & Cinés (13)
Vendredi 19 mars 2021 à 14h30 - Samedi 20 mars 2021 à 18h

réservation : Anne Maguet - production/diffusion - 06 61 40 90 95  - prodiffmabcompagnie@gmail.com


Note d’intention, par Marie Vauzelle

La fabrique des identités fixes

À la suite de la création de MO une traversée en 2019, Dominique Bluzet, directeur des Théâtres,

propose de m’accompagner dans mes prochaines créations. Nos échanges nourrissent l’idée d’un

un projet jeune public pour la saison 20-21.

Je ne peux travailler sur un sujet ou un texte que si quelque chose dans mes viscères déclenche le

besoin de le faire.

J’ai lu. Beaucoup. Puis j’ai ouvert « Maelström » et j’ai su que c’était ça.


Le texte de Fabrice Melquiot

Le texte de Melquiot est d’une rageuse poésie qui appelle l’incarnation.

Nous sommes en prise directe avec les émotions d’une jeune fille qui vient d’être éconduite,

qu’elle nous livre en soliloque, sans didactisme.

C’est là sa force, et ce qui peut justement toucher un public adolescent.

S’il y a une fonction à accorder au théâtre, ce n‘est précisément pas de donner des leçons mais de

donner à penser par soi-même.

Véra, jeune fille de 14 ans, est là et elle parle. Ce n’est pas un récit ou une introspection, rien n’est

déplié de ce qui est enfoui - chacun a l’espace d’y faire son chemin.

C’est un cri. À vif. Il y a une épaisseur d’être où tout ne nous est pas livré - et on est comme face à

un être humain c’est-à-dire face à quelqu’un qu’on ne peut comprendre entièrement, qui traverse

notre vie sans qu’il y ait un début ni une fin.

C’est une fulgurance.


Véra ou le refus des identités fixes

Véra est une Ophélie d’aujourd’hui, une jeune fille pleine d’amours, de colères et de révoltes.

Née sourde, elle est maintenant appareillée mais reste différente aux yeux de ses camarades.

Véra est amoureuse, elle vient d’être éconduite, parce qu’on ne sort pas avec une fille

« handicapée ». Au coin d’une rue, au coeur de la grande ville indifférente, elle laisse éclater sa

tristesse et son désir de vivre.

Ce texte est une façon d’interroger notre regard sur ceux qui ne nous ressemblent pas.

Et plus largement de dénoncer la grande usine sociale à fabriquer des identités fixes, qui

fonctionne aujourd’hui à plein régime.

Il fait écho aux combats de nombreux sourds pour que leur différence ne soit plus conçue comme

un handicap, un « moins », mais simplement une différence, qui peut avoir sa place dans la

société.

Maelström aborde tout cela avec une grande finesse, et Véra devient la métaphore des mal-êtres

adolescents.

C’est aussi une parole de femme qui ne cherche pas à être une parole de femme.

Une parole de sourde qui ne cherche pas à être une parole de sourde.

Une parole adolescente qui ne cherche pas à être une parole adolescente.

Ça c’est essentiel.

Pour aborder cette question de la fabrique des identités fixes.


Une solitude contemporaine

Véra évoque plusieurs fois le sentiment de solitude qu’elle ressent, elle qui habite au coeur d’une

grande ville.

On la sent isolée au milieu d’une foule anonyme - cherchant comment y exister, s’y faire une place

dans le tourbillon contemporain. Elle a un rapport sensitif avec ce qu’elle ressent comme un

urbanisme froid et tentaculaire.

Qu’est-ce qu’être adolescente aujourd’hui dans un monde foisonnant et indifférent ? Qu’est-ce que

ce coeur de ville et de vie où Véra se sent être - comme au centre d’un maelström ?


Parole et musique

Je vois sur le plateau une comédienne - jeune - et un musicien - jeune aussi.

Je voudrais voir comment le texte de Fabrice Melquiot traverse ces deux jeunes, leurs corps, leurs

compositions - et travailler à partir de là.

Depuis nos adolescences emmêlées.

S’adressant à d’autres adolescents.

Travailler aussi la question de l’étrangeté de Véra. Comment traiter sa surdité ? Ne pas l’évacuer,

ne pas la figer non plus, mais faire face à cette chose qui est : être différent dans le regard de

l’autre.

J’imagine une création où s’entrelacent la parole de Véra, et la musique. Qui soit sur le chemin

entre une pièce et un concert.

Un musicien qui soit à la fois dans un rapport physique avec son instrument, mais qui travaille

aussi comme en-deçà, à le triturer, le sonoriser.


Travailler l’écoute

Parce qu’il est question aussi de ce que c’est qu’entendre, et de ce qu’est le silence, le vrai.

Je voudrais donc proposer, en travaillant avec un créateur sonore à mes côtés, dans la salle, une

expérience physique du son pour les spectateurs. Comment il naît, se propage, comment il prend

sens. Quelle est cette expérience d’entendre pour la première fois un monde jusqu’ici silencieux ?

Il faut que parole, silence et sons se répondent, s’ignorent, naissent l’un de l’autre, se rencontrent.

Parce que ce qu’il se passe dans le présent de la scène, l’évènement, c’est le cri d’une jeune fille.

Le reste est en contrepoint.


Scénographie : dispositif interactif

J’imagine très peu de choses, d’abord des corps - presque seulement des corps.

Je n’imagine pas de décor réaliste - un espace plus onirique, sensitif, intime. Juste un pan de mur,

comme un coin de rue.

Une scénographie dessinée par les lumières, mêlant vidéos non figuratives et lumière classique.

Quand je lis « Maelström », je ne sais pas où sont les frontières entre souvenirs, imaginaires,

pensées et réalité.

Je voudrais rendre la complexité de cette pensée vivante.

Raphaël Dupont, vidéaste plasticien, crée des installations interactives où le son génère des

images. Ici les sons créés par le musicien en live, traité et diffusé par le créateur sonore

génèreront des images projetées sur un support translucide. Je vois du noir et blanc, des images

floues, des suggestions plutôt que des figurations. Comme le magma inconscient des pensées de

Véra - comme le maelström de la ville et du monde autour d’elle.


Marie Vauzelle

Mise-en-scène : Marie Vauzelle

Comédienne : Louise Arcangioli

Musicien : Léopold Pélagie

Création et régie son : Josef Amerveil

Création et régie lumières : Yann Loric

Création vidéo : Raphaël Dupont

Co-production : Compagnie MAB, Les Théâtres (Marseille) - Théâtre Massalia (Marseille)

Avec le soutien du dispositif FIPAM de L’ENSAD Montpellier (École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de

Montpellier) - Production en cours

Accueil en résidence : Théâtre du Hangar - ENSAD de Montpellier

50 minutes

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